Un Avent aux racines païennes ?
Un Avent païen est-il possible ?
Je voulais publier cet article bien avant, mais un problème technique sur le blog m’en a empêché. J’aurais pu aussi le conserver pour l’an prochain, mais, d’un autre côté, il parle en filigrane d’un thème qui m’est très cher : l’adaptation de la pédagogie Waldorf-Steiner à la vie de famille.
J’ai pensé aussi que cet article pourrait aider celles qui initient des changements, des rythmes, au sein de la famille en ce qu’il montre un peu la démarche qu’on peut adopter pour harmoniser cette pédagogie avec sa vie quotidienne (N.B: oui, c’est vrai, je m’adresse surtout aux femmes, car les mamans sont centrales dans une famille, et la plupart du temps, ce sont elles qui s’occupent activement de l’instruction des enfants).
Alors, cela m’a convaincu de le publier même si l’Avent est terminé depuis peu de temps.
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Un Avent aux racines païennes
Durant l’Avent, un certain nombres de fêtes – déclinant souvent le thème de la victoire de la lumière sur l’obscurité – sont célébrées ; dans la mouvance Waldorf-Steiner, on retrouve les célébrations catholiques traditionnelles : St Nicolas, Ste Lucie, puis Noël bien sûr, avec les 12 nuits, menant jusqu’à l’Épiphanie, le 6 janvier, et son cortège de Rois mages.
Quand on pratique une religion de la terre et qu’on est attaché à la pédagogie Steiner, cela peut être très troublant et susciter un questionnement profond ; parfois, il faudra des années de tâtonnement et de réflexion avant de trouver le bon positionnement pour soi-même et pour sa famille.
Outre-Atlantique, on dit souvent que « la pédagogie Steiner est trop païenne pour les chrétiens et trop chrétienne pour les païens », mettant ainsi en exergue le trouble que l’on peut parfois éprouver dans l’application de cette très belle pédagogie.
Certains vont résoudre très rapidement l’équation et célébrer toutes les fêtes, les païennes tout comme les chrétiennes, et mêmes des fêtes d’autres traditions encore, trouvant dans cette ouverture maximale un sens qui leur est propre, ce qui est tout à fait respectable. Ceux-là y gagneront à coup sûr en confort et de bien des manières.
C’est que l’inconfort le plus total guette celui et celle qui n’est pas en mesure de trouver un sens à la présentation consensuelle des célébrations habituelles de l’Avent dans le cercle Waldorf-Steiner franco-français. Cette difficulté à adhérer à un message convenu occasionnera tout à la fois gênes, silences, justifications, recherche de justifications, incompréhensions puis lâcher-prise, etc, etc… Remarquez que c’est plutôt riche 😉
Finalement, quel est le problème ? Si, comme beaucoup le pense, toutes les spiritualités se rejoignent au fond dans un courant commun, rien ne nous empêche de célébrer les fêtes de toutes les religions ; a fortiori, si toutes les spiritualités se rejoignent au fond dans un courant commun, rien ne nous interdit de ne célébrer que la tradition qui a véritablement du sens pour nous, intérieurement, mais aussi dans notre famille.
J’aime beaucoup regarder ce qui se passe chez nos amis anglophones, et notamment aux Etats-Unis. Si je ne voue pas un culte éperdu et intégral à ce peuple et à cette culture, leur liberté intérieure quant à la spiritualité et, plus particulièrement, quant au fait religieux me subjugue totalement. Vue d’ici, de mon petit bout de Bretagne, la vie au sein des communautés Waldorf, souvent formées autour d’une école et comprenant plusieurs familles qui instruisent leurs enfants, semblent capable d’englober bien des manières de pratiquer la pédagogie Steiner.
Et, à vrai dire, c’est cela que je trouve fantastique, car créatif et tellement vivant. Certains piochent seulement quelques éléments dans la pédagogie Steiner qu’ils « mixent » avec d’autres pédagogies (Unschooling, Montessori et Reggio, la plupart du temps), d’autres n’appliquent qu’elle, mais quasi systématiquement toujours en l’adaptant à leur famille. Ce que je constate, c’est qu’ils n’ont pas du tout les mêmes scrupules que nous ; en d’autres termes, leur application de la pédagogie Steiner n’est pas rigide.
Et c’est là où je veux en venir ; la pédagogie Steiner n’est pas un dogme. Elle est magnifique, tellement magnifique qu’elle peut véritablement être pétrie dans le creuset de votre vie de famille. La seule chose qui empêche cette alchimie merveilleuse de prendre, c’est de ne pas oser se l’approprier dans son essence et de créer avec 🙂
Alors, j’en reviens à mon histoire de célébrations pendant l’Avent. Si votre coeur ne bât pas à l’unisson de St Nicolas ou de Noël, oui, vous pouvez quand même vivre un beau mois de décembre, profond, spirituel et d’inspiration Waldorf.
Fort heureusement, notre partie du continent était riche de bien des traditions avant que St Nicolas et le Père Fouettard fassent leur apparition.
Les Celtes, bien sûr, nous ont livré un héritage conséquent, mais aussi les Germains et nombre de nos traditions dites de Noël viennent en droite ligne de la culture du Nord de l’Europe. Il est étonnant d’ailleurs de constater encore à quel point ces origines sont souvent minorées, voire occultées. Tout comme pour les Celtes dont ils ne sont pas très éloignés (ce dont témoignent les fouilles archéologiques concernant certaines tribus), ce sont les recherches archéologiques des toutes dernières décennies qui redonnent à ces cultures une place trop longtemps occultée.
Il y a donc tout un fond commun à explorer, à redécouvrir et avec lequel s’enrichir : Wotan est à l’origine de St Nicolas, plusieurs racines païennes nourrissent le mythe de Ste Lucie (la Déesse dans son aspect lumineux notamment), les rois mages peuvent être facilement remplacés par la Befana qui se relie elle-même à la déesse germanique Berchta, et ainsi de suite.
Sans oublier également les significations à nos festivités qui nous viennent de la Rome antique et païenne, car la France a ceci de fantastique, c’est qu’elle a été nourrie par diverses sources qu’on peut très facilement retrouver en grattant un tout petit peu à la surface de son vernis.
Accomplir ce travail est passionnant, profond, totalement nourrissant et… vivant !
Liens intéressants à consulter pour démarrer un Avent païen :
Lucie, avatar de la déesse lumière, partie 1
Lucie, avatar de la déesse lumière, partie 2
Sans oublier le fameux site Racines et Traditions qui est un des incontournables de la recherche en la matière. Plusieurs articles sont susceptibles de vous éclairer et de vous apporter des pistes ; consulter la table des matières du site.
Retrouver sur La clairière au pommier toutes les ressources pour un Avent formidable
Des histoires de l'Avent :
- L'histoire de l'arbre qui rêvait d'une fleur
- L'histoire Les moissons du roi Hiver
- L'histoire de Lucia, la porteuse de lumière
- L'histoire du roi Hiver, de dame Holle et de la princesse Neige
- L'histoire Le petit prince pain d'épices
- Un conte Inuit pour le solstice d'hiver
Des poésies, versets et jeux de doigts :
- Une poésie qui met en relief l'importance de l'hiver : Qui aime le plus les arbres ?
- De jolis poèmes d'hiver de divers auteurs
- Deux poèmes de Maurice Carême
- Un jeu de doigts des fées de l'hiver
- Deux jolis versets pour l'Avent à réciter en famille
- et pour terminer l'année en poésie : Verset de Nouvel An
Des activités manuelles :
- Le patron de la maison pain d'épices au crochet
- Tricoter Sleipnir, le cheval fabuleux du dieu Odin/Wotan !
- Cousez et décorez de jolis sapin en feutrine !
- Créer un vitrail étoile
- Réaliser un photophore en aquarelle huilée
- Coudre une botte de l'Avent en feutrine décorée
- Feutrer un âne à l'aiguille
- Réaliser des ornements en papier plié
- Créer un sapin enroulé de laine et perles
- Coeur tressé sur papier aquarelle
- Boeuf en laine feutrée à l'aiguille
- Une déco à suspendre en pliage et papier découpé
- Des étoiles jolies et faciles
- Tutoriel de peinture : peindre un sapin
- Coudre des bonshommes pain d'épice
- Crocheter une guirlande sapins
- Coudre un coeur en feutrine au motif végétal
- Feutrer à l'aiguille des flocons étoiles
- Coudre un renne en feutrine
- Feutrer un Tomten à l'aiguille
- Coudre l'enfant soleil et son berceau féerique
- Créer une poupée pour la nuit des mères
- Peindre le nouveau soleil
Des événements collectifs à organiser :
Des chants :
- Chanter Noël en allemand avec les Weinachtslieders
- Chanter un ancien chant de Noël français
Des articles de fond :
- Un peu de réflexions sur le festival de l'Avent
- On continue la réflexion avec Un avent aux racines païennes ?
- Clore cette petite réflexion avec l'article Est-ce que l'éducation Waldorf est chrétienne ?
- Célébrer des festivals avec les jeunes enfants
Un tout petit peu de cuisine :
- Cuisiner des Mannele 100 % sarrasin pour le 6 décembre
Pour célébrer le solstice :
Une dernière idée de cadeau fait maison ?
- Le tutoriel de la petite poupée Waldorf fait maison
- La traduction française d'un manuel pour faire vous-même de grandes poupées Waldorf
- Un gilet de poupée à tricoter
Retrouvez aussi tous mes contes de l'Avent et de nombreuses activités dans "Mon cahier d'activités Steiner - Hiver" paru en septembre 2019 aux éditions La Plage ou bien Le grand livre des activités Steiner - Au fil des saisons, qui reprend des activités pour les 4 saisons.
Tous mes livres sont basés sur la roue celte de l'année, une roue qui inspire de plus en plus de familles en quête d'un alignement avec les saisons.
Qu’est-ce que le solstice d’hiver dans la tradition païenne ?
Le solstice d’hiver, appelé Yule, est la nuit la plus longue de l’année, généralement autour du 21 décembre. C’est un moment sacré où l’on célèbre le retour progressif de la lumière. Dans la tradition païenne, Yule marque la renaissance du Soleil, un passage symbolique de l’ombre à la lumière, de la mort à la vie.
Quelle est la signification de Yule dans la Roue de l’Année ?
Yule est l’un des huit sabbats de la Roue de l’Année. Il correspond à un temps d’introspection, de repos et de renouveau. C’est le point zéro du cycle solaire, une porte de passage entre l’ancien et le nouveau. Tandis que la nature sommeille, les païens honorent le retour de la lumière et la promesse d’un nouveau cycle de croissance.
Que symbolise le solstice d’hiver pour les païens ?
Le solstice d’hiver symbolise :
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La renaissance du Dieu-Soleil (souvent représenté par l’Enfant Divin ou le Jeune Roi).
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La sagesse du silence, la gestation des rêves dans l’obscurité.
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Le pouvoir de l’espoir, car même dans la nuit la plus profonde, la lumière renaît.
Comment célébrer Yule de façon simple et spirituelle ?
Quelques idées pour honorer le solstice d’hiver :
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Allumer une bougie ou une bûche de Yule pour accueillir la lumière renaissante.
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Créer un autel d’hiver avec des branches de sapin, du houx, du gui, des pommes et des bougies.
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Écrire ce qu’on souhaite laisser derrière soi, puis le brûler en offrande.
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Méditer sur ses rêves pour l’année à venir, dans une atmosphère calme et feutrée.
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Offrir un repas ou un geste de solidarité, en lien avec l’esprit de don et de chaleur humaine.
Quelles sont les plantes sacrées de Yule ?
Les plantes les plus symboliques du solstice d’hiver sont :
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Le houx, pour la protection et la persévérance dans les épreuves.
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Le gui, associé à la paix, la fertilité et la chance.
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Le sapin, arbre de l’éternité, symbole de vie dans la mort.
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La cannelle et le clou de girofle, pour éveiller la chaleur intérieure.
Quelles traditions ancestrales entourent Yule ?
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Chez les peuples celtiques et nordiques, on fêtait la renaissance du Soleil invaincu avec des feux, des festins et des rituels de purification.
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La bûche de Yule, autrefois en bois réel, était brûlée pour protéger la maison.
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De nombreuses traditions chrétiennes de Noël sont issues de ces rites païens : sapin décoré, cadeaux, guirlandes lumineuses…
Quelle est l’énergie spirituelle de cette période ?
Le solstice d’hiver nous invite à rentrer en nous-mêmes, à écouter le silence, à accueillir l’ombre sans peur. C’est un temps de guérison intérieure, de transmission des sagesses et de gestation des projets profonds. La lumière renaît non seulement à l’extérieur, mais aussi au cœur de notre être.
Je répond à cet article en plein mois d’août, mais tant pis :
Ca me donne l’idée et l’envie de célébrer l’avent selon une tradition différente chaque année 😀 (soit jusqu’à trouver notre positionnement de famille, soit parce que c’est un exercice intéressant pour rencontrer de nouvelles cultures et donc le garder 😉 )
Note pour contextualiser : je suis moi-même païenne ecclectique (étiquette la plus commode trouvée à ce jour) et mon mari… et bien voit le monde en symboles et en mystères, mais sans y attacher de terme ni de croyance. Quant à notre fils, il porte le nom d’un roi mage, mais ce n’est pas fait exprès ! Il devra tracer sa voie 😉
Ça peut être une idée très chouette !