Éducation des garçons, et si on la réinventait ?
« Et si on réinventait l’éducation des garçons – Petit manuel pour dépasser les stéréotypes et élever des garçons libres et heureux » est un livre écrit par Christine Castelain-Meunier qui est paru en septembre 2020 chez Nathan.
Selon moi, Et si on réinventait l’éducation des garçons ? est un livre phare de la rentrée. Il y a peu, je vous ai présenté « Maman, je ne veux plus manger de viande« , qui en est un lui aussi en ce qu’il existe peu de littérature grand public sur les enfants végé. Bientôt, je vous en présenterai un troisième bien que je tricherai un peu, car celui-ci est un peu plus ancien ! Mais, disons qu’il fait partie de ma sélection de « livres-phares » pour l’automne 2020.
Au préalable, je tiens à vous faire une description physique du livre, car il est vraiment joli : des tons clairs, des titres avec une police colorée, des têtes de chapitre repérables par la même couleur qui se répète tout au long du livre : j’adore, c’est très beau ! Le texte est aéré juste ce qu’il faut, d’une taille qu’on a bien en mains, et un prix doux pour 125 pages. Sincèrement, je suis admirative.
Maintenant, l’auteure : Christine Castelain-Meunier est sociologue au CNRS et spécialisée dans les questions relatives au masculin, au féminin et à la famille. Elle a écrit de nombreux livres sur ces thèmes.
Militante, elle a délibérément choisi de se pencher sur la très controversée éducation des garçons. Elle confie aux éditions Nathan qui l’interviewe que « Pendant longtemps, on se souciait peu de l’éducation des garçons, forts de cette idée qu’ils n’avaient pas de problèmes. Ce qui primait, c’était l’éducation des filles – ne pas leur transmettre la traditionnelle condition de la femme. Or, pendant ce temps, les mauvais résultats à l’école, les punitions, les renvois, la violence… se sont accrus et un malaise pesant sur l’éducation des garçons est apparu, renforcé par la vague #Metoo ».
Après avoir développé les points qui sous-tendent ce constat, l’auteure invite à un changement de posture et à donner un autre sens à l’éducation des garçons en favorisant une « Léducation respectueuse d’autrui, de l’égalité, créative, livre et heureuse ».
Le livre est destiné à un très large public et est donc très accessible tout en étant étoffé et richement argumenté. Christine Castelain-Meunier fait le point sur les études les plus modernes. On apprend ainsi des tas de choses ; ainsi, l’anthropologue Marylène Patou-Mathis a montré que « les hommes n’ont pas toujours fait la guerre », contrairement à une idée reçue ; « le comportement violent n’est pas génétiquement déterminé » (page 16).
De même, la sémiologue Marielle Darrigrand a « mis au jour un versant passionnant, enfoui, de notre Histoire, antérieur à la militarisation de la société qui a attribué l’exclusivité du terme « viril » au masculin. En effet, avant que la virilité ne soit monopolisée par le masculin guerrier, la racine latine vis, qui entre dans la composition de l’adjectif virilis, « viril », a donné aussi vir, « la vertu ».
Laquelle ne renvoie pas à la masculinité, mais à la notion de courage et de loyauté. Ces qualités morales on été incarnées par les grandes déesses fondatrices des cités grecques… » (page 34) La virilité associée à la symbolique guerrière en prend un coup ! Et l’auteure invite ainsi à adoucir la « vindicte féministe ». On y trouve encore les apports des neurosciences.
Ceux qui sont familiers des milieux du féminin sacré ont pu voir depuis quelques années fleurir, par-ci, par-là, des publications relatives au masculin sacré (comme ICI par exemple) ; ces publications traitent souvent du besoin des hommes de revaloriser et de renouveler d’une manière positive leur masculinité, du besoin des femmes de voir les hommes s’engager dans cette démarche, du besoin de relation pacifiées, respectueuses, aimantes, complémentaires… Cet ouvrage fournit ici des clés essentielles pour accompagner les petits garçons dans la découverte de leur masculin sacré.
Pour moi, c’est aussi une question d’humanisme, car, à mes yeux toujours, celui-ci transcende les clivages engendrés par les revendications militantes. Il est impossible d’exiger l’égalité entre les êtres humains sans adopter une vue humaniste ; l’éducation des garçons deviens alors aussi importante que celle des filles, et à cette fin, il est complètement essentiel d’être conscient des enjeux en cours, tels qu’ils sep posent aujourd’hui dans notre société, avec l’héritage qui est le nôtre.
Enfin, je suis épatée de voir à quel point la pédagogie Steiner est là aussi très bien placer pour faire face à ces enjeux en prenant en compte :
- le besoin de bouger des enfants, en particulier pour apprendre, leur difficulté à tenir en place surtout chez les plus jeunes, et en particulier chez les garçons. De ce point de vue, l’école classique telle que nous la connaissons dans le public, est un univers carcéral terrible…
- les activités « dé-genrées » : les garçons qui tricotent et crochètent comme les filles ; les filles qui travaillent le bois et apprennent à forger comme les garçons, pour ne citer que ces exemples les plus marquants.
- le lien avec l’enfant, la valorisation de l’être unique qu’il constitue, de sa place dans la vie, de l’importance de la bonté chez tout enfant, de son empathie, etc… et pas seulement chez les filles chez qui ces qualités sont plus facilement véhiculées.
Tout cela, pour moi, fait de « Et si on réinventait l’éducation des garçons ? » un livre à découvrir et à dévorer cet automne.
Découvrir ce livre
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