Pax et le petit soldat, une idée de lecture pour la classe 9

par | Mar 14, 2018 | Livres pour ado, Livres pour enfant, Moyennes classes | 2 commentaires

A propos de Pax et le petit soldat

Pax et le petit soldat est un livre de l’américaine Sarah Pennypacker, publié en 2017 chez Gallimard Jeunesse. Sur la quatrième de couverture, il est mentionné qu’il est abordable à partir de 10 ans, mais le site Ricochet spécifie plutôt qu’il l’est à partir de 11 ans ; vous verrez plus bas que cela a son importance.

Il fait l’objet d’une traduction soignée de l’anglais américain par Faustina Fiore et il est illustré par Jon Klassen. Notons que les illustrations sont éminemment poétiques et tendres, ce qui renforce la qualité du livre.

Aux États-Unis, il connaît un grand succès et est consacré Meilleurs Roman Jeunesse par le Weekly Publisher.

La présentation de l’éditeur est très sobre : « Une guerre est imminente. Lorsque le père de Peter s’engage dans l’armée, il oblige son fils à abandonner Pax, le renard qu’il a élevé depuis son plus jeune âge, et envoie le garçon vivre chez son grand-père à cinq cents kilomètres de là.

Mais Peter s’enfuit, à la recherche de son renard. Pendant ce temps, Pax affronte seul les dangers d’une nature sauvage et se trouve confronté à ceux de son espèce. » Si elle a le mérite de résumer sobrement la teneur de l’histoire, elle est, je trouve, bien en-dessous de la puissance émotionnelle de celle-ci… et assez désaffectée

Le livre s’organise autour de deux narrations : celle du jeune garçon de 12 ans, Peter, et celle de Pax, le renard, – son renard – ce qui a pour conséquence d’intensifier les possibilités émotionnelles du lecteur.

C’est un parti pris totalement assumé par Sarah Pennypacker, très concernée par la condition des enfants et celle des animaux, comme le montre toute son œuvre pour la jeunesse (17 livres). Pour l’auteure, « Nous expérimentons la guerre du point de vue d’une créature qui ne peut la comprendre – c’est ce qui arrive aussi aux enfants [plongés dans les conflits] ».

C’est en fait ce qui génère la puissance de cette histoire somme toute assez simple d’amitié entre un enfant et un animal.

Mais derrière cette simplicité apparente, se profilent de nombreux thèmes philosophiques abordés avec beaucoup de justesse : la guerre, la condition de l’enfant, celle de l’animal, l’abandon, les relations enfant-adultes, la mutilation avec la perte d’un membre à cause de la guerre…

Sarah Pennypacker a par ailleurs dit de ce dernier thème qu’elle n’est pas « de cette sorte d’écrivain qui peut écrire à propos de la perte d’un membre par un enfant, mais qu’elle était capable de le faire à un des renards » ; elle a expliqué qu’elle savait « que ce serait déchirant pour les enfants, parce qu’ils aiment les animaux. La manière dont Peter aime son renard est celle dont n’importe quel enfant aime son chien. Les liens que les enfants peuvent former avec les animaux sont une connexion vraiment profonde ». Ce qui témoigne de la grande sensibilité de l’auteure.

Certains passages sont donc durs, et, de ce fait, difficiles même si ils sont traités avec justesse : l’abandon forcé de l’animal par le petit garçon qui en éprouve une perte tragique ; l’abandon de l’enfant par les adultes ; le désarroi de l’animal ; l’incompréhension de la guerre et de ses horreurs dont certains détails cruels sont mentionnés… Ces éléments sont à prendre en compte par les personnes sensibles, voire hypersensibles, enfants comme adultes, car le livre est bouleversant.

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Pax et le petit soldat
Pax et le petit soldat

Il y a une sorte de règle tacite dans notre société contemporaine comme quoi il faudrait tout dire aux enfants, et n’importe quand. Je ne suis pas pour le déni, loin de là puisque je connais les ravages de celui-ci, mais je crois qu’il y a un moment pour tout et que la défloration de l’enfance par l’irruption des réalités adultes les plus crues et les plus violentes est une destruction terrible au nom d’impératifs rationalisants qui ne sont pas adaptés aux stades de développement des enfants. C’est pourquoi, je conseille aux parents de lire ce livre avant de le faire éventuellement lire à leur enfant en-dessous de 13-14 ans.

Il n’en demeure pas moins que Pax et le petit soldat est une très belle histoire d’amitié et aussi le magnifique récit d’une individuation riche et fertile. Je suis admirative de la capacité de Peter, 12 ans dans le livre, à se trouver et à suivre son coeur, son axe d’être humain sensible et conscient de valeurs qui ne peuvent pas être bafouées sans qu’on y perde son âme. Il y a beaucoup d’explorations intéressantes à mener à partir du cheminement de cet enfant.

Mais, en fait, c’est le cas des trois personnages principaux : l’enfant, le renard Pax, et Vola, une femme blessée par la guerre, au propre comme au figuré. Leur portrait à chacun est riche et profond et les trois ensemble viennent illustrer les thèmes philosophiques dont j’ai parlés ci-dessus.

La portée philosophique de Pax et le petit soldat fait aussi que je penche plutôt pour une lecture qui en serait réservée à des enfants ayant déjà une certaine maturité, même si, bien sûr, il y a toujours plusieurs degrés de lecture possibles et que des 9/10 en retireraient aussi quelque chose (si tant est que les passages durs ne les bouleversent pas trop… )

Selon moi, des enfants à partir de 14 ans s’enrichiraient considérablement à la lecture de ce roman vraiment très profond. Quand on a en tête la progression Steiner pour les différentes classes, on pense à plusieurs entrées pour un tel roman. Celle de la classe 4, lorsque l’homme et l’animal sont étudiés, mais je pense qu’il y a des ressources bien plus adaptées à cet âge et à cette période, en raison des points que j’ai abordés ci-dessus. Il serait encore moins adapté pour les petites classes (1, 2 et 3), pour les mêmes raisons, et même si l’animal y a une place considérable.

En revanche, il me semble que Pax et le petit soldat aurait totalement son sens pour la classe 9 avec des adolescents de 14 ans et plus, qui pourraient pleinement saisir le trésor que recèle ce livre alors que les conflits mondiaux sont justement abordés à ce point de la progression Steiner. Tout y est abordé, et d’une manière vivante à l’inverse de bien des cours sur les guerres mondiales…

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Pax et le petit soldat

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2 Commentaires

  1. Celine Magrini

    Un grand merci pour cette présentation.
    Je suis très sensible à cette phrase : « Il y a une sorte de règle tacite dans notre société contemporaine comme quoi il faudrait tout dire aux enfants, et n’importe quand. Je ne suis pas pour le déni, loin de là puisque je connais les ravages de celui-ci, mais je crois qu’il y a un moment pour tout et que la défloration de l’enfance par l’irruption des réalités adultes les plus crues et les plus violentes est une destruction terrible au nom d’impératifs rationalisants qui ne sont pas adaptés aux stades de développement des enfants. »
    C’est très juste et il est important de le formuler de temps en temps.
    Merci
    Céline

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