Premiers pas dans la pédagogie Steiner
Je me souviens de mes premiers pas dans la pédagogie Steiner… Si j’émets un jugement de valeur, je peux affirmer que c’était loin d’être glorieux !
A la faveur d’une discussion en privé avec une jeune maman qui fait ses premiers pas dans la pédagogie Steiner et du travail que je fais sur le site en ce moment, je revisite cette expérience qui a débuté il y a environ 12 ans.
Intérieurement, j’étais très attirée et complètement chamboulée par cette « rencontre » pédagogique. Chamboulée, car j’étais habitée de beaucoup de sentiments d’inaptitude, d’incapacité et de dévalorisation. J’étais un pur produit de l’école publique que j’avais fréquentée de mes 4 ans et demi à mes 30 ans, passant par toutes les étapes, de la maternelle à l’école primaire, puis au collège (ma pire, mais pire des expériences scolaires), puis le lycée, et, enfin, l’université jusqu’à ce que j’en ressorte douze ans plus tard graduée du titre de Docteur.
Autant dire que je découvrais avec une certaine dose de peur que ma propre éducation était loin d’une éducation Steiner même si, ainsi que je l’ai raconté dans mon tout premier livre, certains pans de mon histoire la rejoignaient du fait de mes origines maternelles et de la génération de mes parents.
Mais, si vous regardez les articles du début de mon blog, j’étais loin de faire ce que j’ai fais des années après…
Je n’ai jamais voulu retirer ces premiers articles de Chant des Fées : ils sont une mémoire touchante de ces frémissements par lesquels nous sommes passés ; ils témoignent de la croissance qui s’est opérée en moi et qui s’est traduite dans l’accompagnement de mes enfants et dans les réalisations que vous connaissez aujourd’hui.
Je reçois de très nombreux messages via divers canaux : le site (formulaire contact et commentaires), Instagram (MP et commentaires), Facebook (MP et commentaires). Je réponds aussi autant que je peux sur les groupes francophones Steiner. Il s’agit souvent de transmettre seulement un peu de confiance… un encouragement à trouver ses propres marques, sa propre façon de vivre cette belle pédagogie qu’est la pédagogie Steiner.
C’est ce que j’ai profondément souhaité faire avec mon premier livre et dans les suivants.
Au regard de cette expérience, deux points me semblent les plus importants :
La confiance dans votre propre évolution
C’est exactement cela. Laissez-vous emporter par cette expérience qui impliquera des changements intérieurs. Il n’y a rien que vous ne puissiez réaliser si vous êtes ouvert au processus d’apprentissage intérieur.
Pratiquer la pédagogie Steiner ne consiste pas à réunir de beaux matériels, à faire de belles photos bien léchées de jolis petits enfants habillés de tricots faits main et à donner l’illusion que tout est parfait, tout est beau… ça c’est une façade. Elle est certes séduisante et permet d’avoir des comptes Instagram de plusieurs milliers de « folllowers », mais, en terme de superficialité, elle est à l’exact opposée de la démarche de cette pédagogie.
Il y a des personnes qui ont une facilité de moyens et suffisamment de talent pour maintenir une vitrine attractive. Cependant, votre chemin peut être d’une profondeur toute autre : ne soyez pas effrayé par les difficultés ; celles-ci sont les bûches qui alimentent un feu profond, un sens de la mission et un rayonnement tout autre.
En vous engageant dans la pratique de cette pédagogie, c’est un véritable changement intérieur que vous vous apprêtez à faire. Aucune pédagogie digne de ce nom ne peut faire l’impasse de ce point : le pédagogue demeure un bon pédagogue parce qu’il sait évoluer, changer, être souple, confronter sa pratique à la théorie et être en mesure d’en tirer des enseignements. Il doit s’adapter, non seulement au caractère unique de lui-même, mais aussi à chaque enfant dont il s’occupe.
C’est pourquoi la confiance dans votre évolution est la plus importante. Vous ne serez plus la/le même après plusieurs années.
Tout ce qu’il vous faut, c’est décider de ce que vous souhaitez et faire le chemin pour y aller. Laissez-vous du temps (après tout, vous allez croître tout comme vos enfants). Il vous faut du temps pour :
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apprendre : de par vos lectures, de par vos dialogues…
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confronter votre apprentissage à vos diverses expériences : vos expériences passées, en les éclairant d’un jour nouveau ; l’expérience que vous êtes en train de vivre avec vos enfants…
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réfléchir : à vos lectures et dialogues, à vos expériences…
Dans ce cheminement, il y a quelques règles d’or :
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ne jamais vous comparez à l’expérience des autres ; cela ne peut vous apporter que de la souffrance et induire une compétition elle-même créatrice de souffrance. Il y a une place pour chacun de nous en ce monde et celle-ci est unique, comme vous.
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tirez parti de vos « échecs » : en réalité, il n’y a pas d’échec au sens où nous l’entendons habituellement. Il n’y a que des expériences qui vous aident à bâtir votre art de vivre, votre sagesse
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être souple. Cela découle de la proposition précédente…
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travailler avec persévérance tant dans votre cheminement intérieur que vos propres apprentissages. Vous connaissez la citation de Thomas Edison que l’on peut transposer : « Le génie est fait d’un pour cent d’inspiration et de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration »… Sans même parler de génie, toute évolution nécessite un engagement de tout notre être.
Alors, profitez de cette expérience qui s’offre à vous pour faire plus ample connaissance avec vous-même, avec la merveilleuse créativité dont vous êtes capable, et avec l’infinie possibilité de vous transformer qui vous habite.
Le matériel et son utilisation
Un deuxième point me touche beaucoup : ce sont les situations dans lesquelles des personnes pensent qu’elles ne peuvent entrer dans cette pédagogie à cause du coût des matériaux et/ou parce qu’elles ne savent pas les techniques permettant de s’en servir.
Pour la seconde option concernant les techniques, je vous renvoie au premier point : donnez-vous l’occasion d’apprendre. Apprendre est peut-être une des compétences les plus merveilleuses qui nous soit donnée… Trouvez une personne ressource à côté de vous, une vieille tante ou une grand-mère qui serait ravie de vous montrer les rudiments de crochet ou de tricot ; vous lui feriez sans doute très plaisir.
Concernant la seconde proposition, plusieurs choses sont à prendre en compte.
La qualité des matériaux est importante : elle crée pour une bonne part la qualité esthétique de ce que l’on réalise ; elle apprend aux enfants à aller vers ce qu’il y a de plus beau, de plus noble et de meilleur.
Cependant, si il est vrai que la qualité des matériau est importante, les réalités de la vie font que le budget n’est pas extensible ; là aussi, nous devons travailler avec le temps.
Mon chemin de vie m’a mené à vivre sous le seuil de pauvreté durant bien longtemps ; plusieurs décennies, c’est bien long. Nous avons bien souvent compter au centime près ce que nous avions à acheter. Alors, entre acheter un papier aquarelle qui coûte très cher et prendre un papier bien moins cher (si toutefois on a encore les moyens d’en acheter un ce qui n’est pas forcément possible), le choix est vite fait.
Est-ce pour cela que votre enfant ne grandira pas bien ? Je ne crois pas. Et j’invite tous ceux qui le souhaitent à aller voir le compte Instagram d’une de mes filles pour en voir le résultat… Pourtant, au début, elle a commencé avec ce que je pouvais acheter : de la gouache au lieu de l’aquarelle, puis des aquarelles bas de gamme, jusqu’à ce que je puisse acheter de bonnes aquarelles Stockmar, puis d’autres encore plus tard ; des crayons de couleur bas de gamme, jusqu’à ce que je puisse acheter des Lyra… et ainsi de suite.
Dans un autre ordre d’idée, je ne pouvais acheter que peu de livres, mais je mettais un soin à les choisir chez Emmaüs par exemple… Pourtant, souvent, ce n’était pas les livres classiques de la pédagogie Steiner, mais de vieux albums aux illustrations faites main pleines de charmes elles aussi. Et cependant, mes filles sont de très bonnes lectrices. L’une d’elles est totalement passionnée de littérature contemporaine ; hyperlectrice, elle a lu l’an dernier 244 livres et publie régulièrement des chroniques que vous pouvez suivre sur son Bookstagram…
Je crois que ça se passe de description.
Tout ce que vous pourrez amener d’esprit Steiner sera porteur pour vos enfants, surtout si cela a été forgé par les difficultés, vos hésitations, vos doutes, votre manque de confiance en vous : tout cela est un merveilleux carburant pour mettre en route votre changement intérieur.
Aujourd’hui, nous vivons mieux, mais il est intéressant pour vous de savoir que tous mes livres ont été faits dans ces conditions ! Vous voyez, les difficultés peuvent être un tremplin vers la réalisation de soi-même selon votre état d’esprit à leur propos.
Voilà l’essentiel de ce que je souhaitais vous transmettre et j’espère que cela vous encouragera dans votre propre chemin.
Prenez soin de vous.
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- Monique
Bonjour Monique, je suis Stéphanie, maman de Nora 22 mois. Je vous suis depuis que j ai acheté votre livre et je tiens à vous remercier. Merci pour votre livre, merci pour votre blog et merci pour cet article. Il me redonne du courage (même avec peu de moyens) pour me lancer dans l aventure de cette pédagogie, pour le moment le papa n est pas d accord pour l instruction en famille (oui je suis optimiste que ce choix restera dans nos droits), mais peut-être est-ce possible de suivre cette pédagogie à la maison et une école Montessori. En tout cas, merci du fond du coeur pour toutes ces connaissances que vous partagez avec nous. (D ailleurs grâce à votre tutoriel de l âne en laine feutrée, j ai investi et fait ma première création sous forme de chat pour Nora!)
Je vous souhaite une belle journée et une année pleine de bonheur, de créativité et de résilience.
Stéphanie
Bonjour Stéphanie, merci pour votre message ! Je suis très contente que cet article vous ai redonné du courage. Oui, vous pouvez apporter des éléments de pédagogie Steiner même si votre fille ira en école Montessori : certaines activités et leur récurrence, l’esprit pour réaliser ces activités… tout cela sera un plus ! au plaisir de vous lire !
C’est fondamental ce quevous expliquez là. Je me suis longtemps laissé intimider par certaines techniques parce que je n’avais pas les moyens de m’acheter ce qu’il y a avait de mieux alors que ce n’est pas ça le plus important. Comme vous le dites, ce sont les valeurs transmises, l’esprit général d’une éducation.