La responsabilité et non la culpabilité
Pour beaucoup d’entre nous qui ont été élevés dans des familles de culture judéo-chrétienne, la propension à confondre responsabilité et culpabilité est importante. Là où la première implique une notion de faute, la seconde implique plutôt une conscience qui nous fait agir dans un certain sens pour notre plus grand bien. Alors que la culpabilité peut avoir une certaine vertu et mener à une contrition salutaire, cette voie demeure étroite ; et, in fine, la culpabilité ne constitueraient qu’un sentier obstrué, voire morbide, vers l’accomplissement intérieur. De fait, elle ne peut être prise pour socle sur lequel fonder une vie de plénitude.
La responsabilité nous tire vers le présent et le futur, alors que la culpabilité nous tire en arrière. On peut penser à juste titre qu’il est bon de se retourner sur ce que nous avons fait/dit/pensé/été afin d’en tirer les leçons. Cependant, la culpabilité nous retient dans des marais où nous risquons fort de demeurer pris au piège et de ne créer rien de bon ni pour nous ni pour notre entourage. Néanmoins, si tel est notre cas, le réaliser et respecter ce détour est un préalable indispensable qui comporte, lui aussi, ses enseignements. La responsabilité, quant à elle, nous amène à considérer ces enseignements et à rebondir pour créer différemment notre vie. Elle est donc éminemment constructive, positive et fondée sur l’espoir et la confiance.
L’appel à rejoindre l’humus
La responsabilité implique donc de l’humilité (qui vient d’humus, la terre…) ; elle nous ramène à la terre, ce réceptacle féminin. Nous voir tel que nous sommes, dans toute la vérité de notre être pétri d’erreurs, d’expériences malheureuses, maladroites, faites de lumière et d’ombres, requiert de l’humilité pour nous assumer, en toute simplicité. Quant à elle, la culpabilité exige une contre-partie de perfection qui s’avère, en réalité, impossible.
Cette culpabilité nous affecte à la sphère du mental, tandis que la responsabilité nous fait descendre dans le ressenti, dans le corps. Elle nous permet alors de voir ce que la culpabilité nous permet d’occulter : elle nous permet de nous confronter avec ce que nous souhaitions éviter de ressentir de nous-même. La responsabilité implique donc bien plus de courage et nous permet d’assumer et de créer différemment…
Vous le voyez, il y a de très bonnes raisons de passer à un système de responsabilité plutôt que de demeurer dans le bourbier de la culpabilité. Nous sommes des êtres éminemment créateurs, dans toute notre imperfection, et passer de la culpabilité à la responsabilité, nous permet de créer pour nous et pour notre environnement une vie plus riche et plus pleine.
Druidisme et responsabilité
Le druidisme du XXIème siècle amène quasiment systématiquement ses pratiquants à prendre en compte leur responsabilité dans le désastre écologique que nous vivons. Beaucoup s’impliquent dans des associations locales ou internationales de défense de la nature, en agissant dans des centres de protection de la faune, en fournissant des subsides et biens matériels, en lançant des campagnes de ramassage des ordures dans la nature, et ainsi de suite : les actions sont variées, nombreuses et toutes très positives.
Dans le mot « responsabilité », on trouve celui d »(h)abileté ; être responsable, c’est se sentir habilité, particulièrement, à être une personne de valeur dans le monde. Le druidisme nous enseigne que tout est relié, connecté ; par conséquent, la façon dont nous pensons, dont nous parlons et dont nous nous comportons entraîne des effets sur notre environnement et sur nous-même. Nous pouvons, dès lors, choisir de penser, de parler et d’agir pour le bien du monde.
La tradition avalonienne, par un autre biais, nous enseigne à prendre conscience de notre responsabilité dans le déroulement de notre vie. Nous ne sommes pas une victime (ou si cela nous arrive, nous nous attachons à regarder au-delà des circonstances premières). Prendre notre responsabilité, quoi que cela nous coûte, nous amène à devenir les co-créateurs de notre vie, à ne plus subir, mais à redresser la tête, à nous mettre debout et à agir dans le sens du bon, du bien et du beau.
Une spiritualité adaptée au XXIème siècle ne peut plus faire l’impasse de la responsabilité individuelle et collective.
Retour sur soi
Où en êtes vous de ces deux notions ? Vous sentez-vous coupable.s ? En êtes-vous conscient.e.s ? Qu’est-ce que cette culpabilité vous évite de confronter et donc d’entretenir ? Il n’est pas toujours évident de répondre à cette dernière question ; si aucune réponse ne vous vient, laissez vous le temps. La sincérité de la démarche est l’engagement le plus important.
Si vous obtenez des réponses, ressentez-vous que vous pouvez vous accepter ainsi ? Et si oui, qu’implique désormais votre responsabilité ?
Prenez-des notes dans votre carnet des 12 nuits sacrées. Réfléchissez à un maître-mot pour l’année à venir, ou à une courte phrase, pour matérialiser votre décision sur votre mandala solaire du solstice.

L’eau de l’émotionnel
Il peut être facile de tomber dans la moralisation, soit à son égard, soit à l’égard des autres. On peut ainsi revendiquer la responsabilisation sans respecter les étapes intérieures qui sont nécessaire à faire advenir celle-ci. Beaucoup de personnes aimeraient faire l’économie du passage par l’émotionnel… J’en fais partie moi aussi. J’ai tendance à esquiver les émotions, alors qu’elles sont la clé du changement.
Dans le retour sur soi, j’ai beaucoup apprécié de comprendre que, lorsque je me sens coupable, j’occulte quelque chose que je ne veux pas ressentir de moi. C’est tout à fait ça.
Alors, je me suis demandée ce qui pouvait m’aider dans ces moments là après avoir accepté de ressentir ces « sentiments inavouables ». Personnellement, c’est l’eau.
Si l’on se base sur la réflexion des éléments, l’eau symbolise nos émotions à de multiples titres : l’eau des larmes, la fluidité des émotions lorsqu’on ne les bloque pas, ou lorsqu’on les laisse enfin sortir, etc…
L’eau pour acter le lâcher prise
L’eau est le premier élément de chacun de nous durant notre séjour intra utérin. J’ai vécu un nombre de fois incalculable le fait d’être mal, de me baigner ou de me doucher, et d’aller bien mieux après. Bien sûr, si je peux me baigner dans l’océan, c’est encore plus fort, mais, chez moi, l’eau, quelle qu’elle soit, fonctionne quasiment à tous les coups.
Alors, je me suis dit que j’allais vous inviter à prendre un bon bain après avoir fait cet exercice et avoir réussi à faire descendre vos émotions. Préparez un bain comme vous les aimez et laissez cet élément magique vous nettoyer sur tous les plans.
C’est après avoir laissé descendre vos émotions que vous pourrez passer à la phase de la responsabilité.
(Crédits photo, dans l’ordre : Free-photos, PublicDomainPictures, Joe137 sur Pixabay

Retrouvez les 12 nuits de l’hiver 2020 :
- Nuit 1 : la nuit des mères
- Nuit 2 : la confiance dans le renouveau du solstice d’hiver
- Nuit 3 : la connaissance de soi
- Nuit 4 : l’authenticité
- Nuit 5 : la responsabilité
- Nuit 6 : le courage
- Nuit 7 : l’éthique
- Nuit 8 : la créativité
- Nuit 9 : mener une vie de valeur
- Nuit 10 : le dialogue et le relationnel
- Nuit 11 : l’éveil à l’environnement
- Nuit 12 : la générosité
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