Les enfants dans la guerre : propositions de lecture

par | Août 6, 2018 | Livres pour enfant | 3 commentaires

Quels livres pour un thème sur les enfants dans la guerre ?

Le thème des enfants dans la guerre est un thème qui devient récurrent au fur et à mesure que les enfants grandissent. Il est incontournable lorsque les enfants sont en âge d’être au collège.

Cela fait des mois que je prépare le programme de mes filles de 14 ans. Si elles allaient au collège, elles entreraient en 3ème à la rentrée. Comme elles veulent préparer le DNB (Diplôme National du Brevet) en candidat libre, j’ai donc prévu de suivre davantage le programme officiel de cette classe, mais sans jamais, ô grand jamais, lâcher notre chère pédagogie Steiner ! Ceci fera sans doute l’objet d’une publication ultérieure, je le garde donc par-devers moi.

Parmi le programme de la classe de 3ème, il y a les deux guerres mondiales et, bien évidemment, un thème adjacent qui concerne les enfants dans la guerre. C’est avec quelques réticences que je me suis résolue à programmer ces événements historiques ; non seulement ma propre enfance a été marquée (pour ne pas dire un autre mot) par les récits de guerre de ma famille, mais je devais aussi composer avec les souvenirs que j’en avais de l’étude des guerres mondiales au collège : films documentaires horribles, lectures horribles et récits horribles des tortures subies par les résistants racontés par un vétéran de passage dans notre collège… âmes sensibles s’abstenir.

Si j’estime que, bien évidemment, les guerres peuvent et doivent être étudiées, je déplore toujours que les détails crus soient dispensés trop tôt, trop généralement, trop massivement, sous couvert de devoir de mémoire, et honte à ceux qui ne s’y soumettent pas…

enfants dans la guerre

De quoi a-t-on peur ? Que nos enfants oublient les atrocités commises au travers de l’Histoire ? Qu’ils reproduisent celles-ci parce qu’ils seraient dépourvus de conscience humaniste ?

Je me demande parfois si ceux qui font les programmes ne sont pas eux-mêmes les plus inconscients de ce qui se jouent dans la vie intérieure des enfants. On oublie encore trop, beaucoup trop, qu’un enfant respecté (ce qui n’implique pas une absence de limites comme je le lis bien trop souvent malheureusement), épanoui, heureux, connecté à son intériorité et au monde qui l’entoure, cherchera à préserver la Vie, pas à la détruire.

Alors, parce qu' »il faut bien leur montrer dans quel monde nous vivons », on leur demande d’avaler des descriptions atroces et, pire, d’y assister par le biais des images choquantes (documentaires, films, images d’archives).

On oublie encore qu’un enfant qui n’a pas refoulé sa sensibilité n’a pas besoin de grandes démonstrations crues pour déplorer une des monstruosités humaines les plus considérables : la guerre. Ce monstre froid, sanguinaire, qui avale tout sur son passage et broie les vies, avec son corollaire : ce que subissent les enfants dans la guerre…

Si je faisais étudier certains de ces livres à mes filles, – ces livres recommandés par les manuels de Lettres -, je trahirais tout leur être, et tout ce sur quoi nous avons bâti notre relation parents-enfants : confiance, respect (des rythmes, des sensibilités)… C’est pourquoi nous allons bien sûr étudier les guerres mondiales, mais avec la distance nécessaire pour préserver leur croissance intérieure. Parce qu’il ne s’agit pas, en aucun cas, de traumatiser.

Les livres qui abordent des thèmes aussi importants que celui des enfants dans la guerre de manière sensible et néanmoins réaliste existent.

Pax et le petit soldat

Je vous ai présenté Pax et le petit soldat il y a quelques mois. C’est une de mes propositions de lecture sur le thème des enfants dans la guerre. Je vous invite à relire ma présentation, car ce roman comprend une grande richesse de thèmes à exploiter.

Voici deux autres propositions :

enfants dans la guerre

L’ami retrouvé

C’est un petit livre de Fred Uhlman. J’en avais parlé il y a quelques mois sur mon groupe La pédagogie Steiner avec de grands enfants tellement il m’avait plu.

L’histoire se passe à l’aube de la deuxième guerre mondiale en Allemagne et traite d’une amitié entre un adolescent juif et un adolescent de l’aristocratie allemande. Il n’y a pas de description horrible (juste une évocation à un moment donné) et pourtant tout y est très juste ; l’ensemble est traité de manière très sensible et la fin est très belle. Tous les enjeux d’importance liés à une telle situation sont posés dans le déroulement de l’histoire. Au final, c’est aussi une très belle réflexion sur l’amitié.

enfants dans la guerre

Le temps des miracles

J’ai terminé il y a quelques jours cette petite merveille écrite par Anne-Laure Bondoux.

Le temps des miracles, c’est l’histoire de Koumaïl et de sa mère adoptive, Gloria Bohème, dans un Caucase ravagé par la guerre. Au fil des pages, on suit avec passion la vie de ces deux personnages ordinaires si extraordinaires dans leur combat pour vivre. On y apprend comment Gloria a sauvé la vie de Koumaïl encore nourrisson d’un terrible accident où sa mère, Française, a certainement péri. Gloria va s’occuper de ce « miracle » qu’est Koumaïl avec tout l’amour d’une véritable maman, lui enseignant inlassablement l’espoir en la Vie.

Ensemble, ils vont fuir le Caucase afin de rejoindre la France et, peut-être, d’y retrouver la mère de Koumaïl dont le véritable nom est Blaise. Chaque péripétie qu’ils affrontent sonne juste au regard de la condition des personnes en situation de guerre ; aucune réalité n’est épargnée, et pourtant tout y est abordé avec une infinie délicatesse, sans doute renforcée par la narration à la première personne par le petit garçon.

C’est un livre infiniment beau qui pose le regard d’en enfant réfugié sur l’amour, la guerre, la condition de réfugié, d’une manière totalement actualisée et contemporaine à nos enfants. Il y a un suspens bien entretenu, car derrière l’histoire en apparence lisse de ces deux personnages attachants, bien des secrets se cachent. On ne lâche plus son livre jusqu’à la fin, tellement on a envie de connaître l’issue de cette odyssée.

Vous l’aurez compris, ce livre m’a littéralement conquise et il fait désormais partie des livres à lire de mes filles !

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Chèr(e)s lectrices et lecteurs,

Les liens affiliés permettent principalement aux fées de rémunérer l’hébergeur (Infomaniak), certains services logiciels apportant au site des fonctionnalités payantes (plugins premium).

Ces liens portent uniquement sur des livres que j’ai choisis avec soin, parce qu’ils correspondent à la ligne éditoriale de Chant des Fées et répondent à des critères de qualités, de valeurs humanistes, écologiques, artistiques et créatives. Naturellement, je lis tous les livres que je recommande.

Chant des Fées contient plus de 520 articles entièrement gratuits, un chiffre qui est en évolution constante. Cela représente un temps de travail que votre participation, en cliquant sur ces liens affiliés, ne rémunère pas à proprement dit ; cependant, votre action renvoie tout de même de la valeur au travail considérable effectué, et soutient l’auteure, sans omettre celle que vos commentaires et échanges apportent aux fées ! Elles vous remercient chaleureusement pour votre compréhension.
– Monique

3 Commentaires

  1. Zibou

    Tellement bien dit ! Merci Monique!

    Lorsque ma grande etait encore à l’école montessori elle avait donc 3 et 4 ans.. ils ont commémoré l armistice de la 1GM… cela l’a tellement retourné qu’elle n’a eu de cesse d’en parler et aujourd’hui à chaque fois qu’elle voit une stèle elle m’en reparle …
    En ce qui me concerne tout cela ne me parlait pas jusqu au collège, lorsqu’une de mes meilleures amies me dit, alors que notre collège accueillait une enfant serbe : » et dire que c’est eux qui nous tue là bas  » . Elle était turque, musulmane et sa famille passait souvent par les Balkans pour aller en Turquie. L’entendre dire que quelque part quelqu un aurait pu tuer ma meilleure amie …fut très perturbant .. nous entendions régulièrement passer les avions militaires au dessus de nous ( j’habitais alors en haute savoie).
    Nous avons la chance de ne pas avoir connu de guerre … pourquoi plonger nos enfants dans les atrocités de l’homme si tôt… si seulement cela été abordé de façon plus douce comme avec la littérature … et encore … je me souviens de ma prof de français au collège elle me proposa de lire un livre sur les enfants soldats « Allah n’est pas obligé  » (prix congourt des enfants je crois) d’une vulgarité … c’est la seule chose que j’ai retenue … j’ai détesté… je découvrais azzouz begag et j’ai été absorbé par son livre sur la guerre civile en Algérie…
    Autre souvenir de l’indelicatesse des profs… un jour notre prof d’histoire nous raconte que là précisément où nous faisions la queue pour la cantine était mort un résistant..il prefera se jeter de la fenêtre du grenier pour éviter de dénoncer ses camarades sous la torture .. et pour absorber le sang ils mettaient du sable … inutile de dire que chaque jour en faisant la queue je pensais à ce jeune homme … il nous avait également montré les impacts de balles dans les murs .. aux 4 coins du lycée…

    J’ai eu la chance de partir dans un magnifique pays qui a connu plusieurs années de guerre et qui se trouve à nouveau plongé dans une guerre injuste … les jeunes freres et soeurs que j’ai rencontré avait vécu une précédente période de conflit et ils ont été touchés par le courage de leur père qui se voyait offert une issue de secours par l’ambassade française mais il avait refusé de quitter son pays et avait défié certains généraux . Voilà des valeurs par lesquelles les jeune ado peuvent comprendre les enjeux des conflits…

    enfin bon … il y aurait beaucoup à dire … c’est un sujet bien délicat …. je te souhaite bien du courage !

  2. Monique Tedeschi

    Merci pour ton message et ton témoignage.
    Je crois, Zibou, que tout cela, au fond, a trait à une une seule chose : veut-on transmettre une culture de paix ou une culture de guerre ? Parce que selon l’axe choisi, beaucoup de choses vont changer. 🙂

  3. Zibou

    Bon …mon commentaire était un peu long hier …. mais effectivement c’est un sujet qui soulève beaucoup de choses. Sais tu comment le sujet est abordé en Belgique, Angleterre ou encore en Allemagne .. ?
    j’espère m’inspirer de ton article quand notre tour viendra …
    Merci !

Soumettre un commentaire