Le complexe de la sorcière

Le complexe de la sorcière est un livre d’Isabelle Sorente, paru chez JC Lattès en décembre 2019.

Sur mon site Chant des Fées, j’adore faire des chroniques de toutes les lectures que je lis et c’est tout naturellement que je souhaite aussi partager ici, sur La Clairière au Pommier, mes lectures plus « spirituelles ». D’ailleurs, une de mes dernières chronique a porté sur L’almanach païen de Sylvie Okada en ce qu’il constitue un outil extrêmement intéressant pour les familles.

Parmi les thèmes que je revisite de manière récurrente figure celui de la sorcière, tant d’un point de vue spirituel, que sociologique, féministe, humaniste et artistique.

Moins connu que « Sorcières : la puissance invaincue des femmes », de Mona Chollet, paru en 2018 aux éditions Zones, Le complexe de la sorcière est un livre intimiste, discret, mais qui comporte une belle puissance lui aussi, peut-être moins voyante cependant.

Je ne peux m’empêcher de mettre en perspective ces deux livres à la fois différents mais complémentaire. Sorcières : la puissance invaincue des femmes a replacé le thème de la sorcière dans la dynamique féministe, une évolution qui se constatait depuis quelques décennies, et était notablement perceptible au sein du paganisme et des mouvements liés au culte de la Déesse. L’oeuvre de Starhawk y tient bien sûr une grande place.

Le complexe de la sorcière se situe dans ce continuum. Redonner de la visibilité et du sens à ce féminicide terrifiant que fut la chasse aux sorcières, pas seulement dans l’histoire européenne, mais aussi dans l’histoire de l’humanité et, bien sûr, au regard de l’histoire des femmes.

La quatrième de couverture est d’ailleurs emblématique de ce positionnement : « Le complexe de la sorcière est le récit d’une enquête. Enquête historique sur les chasses aux sorcières et découverte intime, vertigineuse, de l’empreinte qu’elles ont laissées. Car les milliers de femmes accusées nous hantent comme un secret de famille, réveillant nos souvenirs impensables, magiques, enfouis. »

Certain(e)s seront peut-être gêné(s) d’une écriture aussi intime. On est moins dans le récit documentaire et militant de Mona Chollet, mais, justement, j’ai aimé le face-à-face qu’il m’a permis de réaliser avec moi-même, les confirmations qu’il m’a apportées.

L’inconscient collectif

Dans Le complexe de la sorcière, Isabelle Sorente met excellemment en lumière ce que nous avons intégré à la fois collectivement et individuellement à la suite de ces horribles persécutions dont ont été majoritairement victimes des femmes, et notamment des femmes matures. La mention de trouble du stress post-traumatique qui nous atteindrait toutes et tous est pertinente et ouvre des horizons insoupçonnés.

Je n’ai eu, et vous n’aurez, aucun mal à trouver en vous la sorcière qui se cache encore de peur de recontrer l’inquisiteur. Cependant que ce dernier n’est jamais loin car nous l’avons aussi intégré… Voilà qui ouvre aussi des perspectives intéressantes.

J’apprécie particulièrement la dimension reliée à l’analyse intérieure dont ce livre est porteur. Tout le monde ne ressent pas le besoin d’avoir une démarche de connaissance de sa psyché, et c’est bien sûr un choix que chacun fait en son âme et conscience ; cependant, trop de personnes confondent démarche spirituelle et démarche psychologique, deux chemins qui peuvent se compléter et mener l’un à l’autre, mais qui ne sont pas identiques.

A mes yeux, toutes ces études qui sortent depuis quelques années et renouvellent la compréhension de ces événements terribles des chasses aux sorcières sont très riches et réactualisent notre perception de ce phénomène ; ils apportent donc beaucoup de sens à notre époque, replacent le vécu de la femme dans une dimension plus juste et cela permet de mieux les comprendre.

Edit septembre 2023

L’introduction de cet article n’a pas été retouchée alors qu’elle parle de mon ancien site La clairière au Pommier. Il n’est pas toujours facile de trouver le temps de retoucher entièrement les articles de son site. Et, dans une démarche d’authenticité, je préfère faire un édit précisant le pourquoi du décalage qui sera inévitablement perçu lors de sa lecture.

Un peu comme cet art japonais qui consiste à réparer certains objets en leur apportant une touche de doré qui les magnifie, je préfère que l’on voit les imperfections tout à fait humaines de mon travail, histoire de bien me différencier de tous ces sites qui sont générés par des AI ! Au moins, ici, vous êtes faces à une humaine tout ce qu’il y a de plus authentique !

Malgré tout cela, bonne lecture !